Un p’tit truc en plus

 

Le film événement d’Artus, « Un p’tit truc en plus », sorti en mai 2024, a déjà fait plus de 8 millions d’entrées en France. Le succès de ce film, que j’ai enfin pu voir début juillet, est largement mérité. Pourquoi devez-vous courir le voir si ce n’est pas déjà fait ?

 

Rendre visibles les invisibles

 

Les adultes handicapés sont joués par des acteurs directement concernés par la trisomie, l’autisme, et d’autres handicaps physiques et/ou mentaux. Certains évoluent déjà dans le monde du cinéma, pour d’autres c’est une découverte. Le respect de leurs particularités a été essentiel dans le film. Par exemple le jeune homme qui se déguise tout le temps est joué par Boris Pitoëff, autiste et vraiment passionné de déguisements.  Ce film s’inscrit dans une démarche d’inclusion des personnes en situation de handicap.

Le scénario rend un bel hommage aux éducateurs qui s’occupent des personnes handicapées. On y voit leur patience, leur humour, leur capacité d’organisation, l’entraide dont ils font preuve. Le manque de moyens financiers auquel ils doivent faire face est pointé du doigt. 

 

L’humour 

 

On rit très souvent au cours du film et le sourire n’est jamais très loin. Le comique burlesque y tient une large place avec une fonction autant potache que libératrice des ressentis intimes des protagonistes. Ce type d’humour très accessible est accompagné d’une autodérision plus subtile jouée de manière convaincante par les acteurs handicapés, ce qui dédramatise l’image que l’on peut avoir de leurs handicaps. Le politiquement correct en prend pour son grade et cela fait du bien. 

 

L’humanité 

 

La fragilité humaine, sa bêtise, les contradictions que nous portons tous en nous, sont incarnées avec beaucoup de justesse par les acteurs valides dont les personnages ont eux aussi un « p’tit truc en plus ».

Artus a réussi à montrer que derrière chaque personne, quelle que soit sa condition, se cache un monde de complexités, une histoire personnelle parfois triste, des relations parent-enfant compliquées, des émotions, des mensonges, des sexualités, des amitiés, des qualités mélangées avec des défauts. Le réalisateur porte un œil bienveillant sur ses personnages, sur l’humain en général et cette empathie transpire tout au long de l’histoire.

 
Un message optimiste

 

Ce film est aussi l’occasion de faire passer un message d’espoir : il est toujours possible de devenir une meilleure personne grâce aux rencontres qui peuvent changer notre vie. C’est le cas du personnage de Paulo joué par Artus, mais je n’en dis pas davantage pour ne pas spoiler. Le plus émouvant est peut-être finalement son propre père, « La Fraise », joué par Clovis Cornillac. Malgré tous les déterminismes qui nous contraignent, les relations que nous nouons avec autrui sont les portes d’une liberté et d’un renouveau inespéré. Une fois qu’on a reçu beaucoup d’amour et d’attention, on peut donner en retour. Et c’est valable à tout âge. Une belle leçon de vie.

 



 

Une fiction avant tout

 

Même si ce film se veut militant pour la reconnaissance et la visibilité des handicapés, il n’en reste pas moins une fiction destinée avant tout à faire passer un bon moment. Le monde du handicap, avec ses professionnels accompagnants, ses vacances adaptées, la bonne humeur générale, la coopération et l’investissement des jeunes tout au long du séjour, tout cela est enjolivé. Ce film n’est pas un documentaire, il reste une fiction. Il n’en reste pas moins que les sentiments qu’il nous fait éprouver, et l’attachement ressenti pendant le film envers les personnages, est bien réel. Et Artus a annoncé ne pas se contenter de ce succès cinématographique : il voudrait changer la vie des personnes handicapées en levant des fonds pour créer des centres de vacances adaptées. Espérons que ce souhait se réalise prochainement.

Le message humaniste et politique du film passerait-il mieux avec l’enrobage de l’humour et de la légèreté ? Son succès populaire semble parler de lui-même. 

 

 

Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

 

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